Les bateaux gris
LES BATEAUX GRIS
Connaissez-vous les bateaux gris
Que l’on voit dans nos arsenaux ?
On pourrait les croire endormis
Sous le poids de leurs apparaux.
En fait, ils sont le fer de lance
De notre puissance navale
Ils sont la fierté de la France,
Notre Marine Nationale.
Discrètement rangés au fond de l’arsenal,
Amarrés avec soin à leurs appontements,
Avisos et Frégates, Patrouilleurs et Batrals,
Ce sont, de la Royale, les hardis bâtiments.
On les a recouverts d’une peinture grise
Où le soleil s’amuse à provoquer des ombres.
Sous les rayons ardents, la lumière qui les vise
Rompt l’uniformité par des zones plus sombres.
Un tissage savant de filins et d’antennes
Monte à l’assaut des mâts, atteint les nids-de-pie.
On croirait voir les toiles, dentelles arachnéennes,
D’effroyables épeires traîtreusement tapies.
Semble indiquer le cap à la timonerie.
Finies les grosses pièces aux énormes tourelles,
Les rampes de missiles sont leur artillerie.
L’ancienne plage arrière, devenue plateforme,
Assure le service pour un hélicoptère.
Elle est ornée de lignes aux artistiques formes
Qui sont, pour un pilote, de précieux repères.
Leur pavillon de poupe fièrement arboré
Déploie ses trois couleurs dans la brise du large.
Les marins le saluent en passant la coupée,
Lui rendant par ce geste un déférent hommage.
Sonneries de clairon, appels de haut-parleurs
Ponctuent, jour après jour, la vie des équipages
Qui, avec discipline, se dévouent à toute heure
Pour parer les bateaux au proche appareillage.
Je garde un vivant souvenir
Des deux années de ma jeunesse
Où j’ai eu l’honneur de servir
Sur ces bateaux pleins de noblesse.
Près de cinquante ans ont passé,
Maintenant ma tête a blanchi
Mais malgré toutes ces années,
J’aime toujours les bateaux gris.
Bernard MALTER
28 Janvier 2002
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