Cap Saint Jacques - Récit

Cap Saint Jacques - Récit

Récit de Pierre Martin

Cap Saint Jacques du 19/06/54 à 7h au 20/06/54 à11h30

Nous étions mouillés Baie des Cocotiers entre le Massif du phare  et  la colline du grand Eperon et  par les hublots du poste nous pouvions voir la silhouette de la Gloire se découpant devant elle.

Nous étions à peine ancrés  devant le Cap Saint Jacques qu’une vedette de patrouille se mit à faire des ronds autour des croiseurs. Armée de 2 mitrailleuses lourdes de 50, elle tournait au ralenti et l’équipage ne regardait pas les bateaux mais la mer autour de nous. Nous avons compris immédiatement que la rigolade était terminée et que nous étions arrivés dans une contrée où tout pouvait arriver.

Pourtant, pour la première fois que nous allions à terre dans ces lointaines contrées qui étaient notre destination nous étions gâtés. Avant la guerre, le cap Saint Jacques était la belle ville balnéaire à la porte de Saigon. C’était un paysage de carte postale où beaucoup de Saïgonnais se donnaient rendez-vous après une semaine de travail pénible même dans les bureaux pas encore climatisées. Et s’il y avait la guerre ce n’était pas le lieu où l’on pouvait s’en apercevoir. Comme Dalat, Le Cap Saint Jacques était un centre de repos pour les soldats du Corps expéditionnaire et s’il y avait parait-il 20 établissements militaires, la présence de ces derniers n’était pas voyante du tout. Nous sommes allés à terre. Débarqués au quai de Lanessan, nous nous sommes promenés à l’ombre des bananiers poussant jusqu’au petit port de Ben Denh,  et si nous n’avons pas pu aller voir les deux attractions touristiques que sont le phare et la Villa Blanche, qu’avait fait construire Paul Doumer (1), nous avons vu suffisamment  de paysages, sentis suffisamment d’odeur pour tomber sous le charme de cette escale.

 (1) Paul Doumer  1857-1932  gouverneur Général d’Indochine de 1897à 1902. On lui doit la création du Port d’Haiphong, le chemin de fer Transindochinois, l’acclimatation de l’hévéa

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